À la veille du dépôt d’un budget « largement déficitaire », le Centre sur la productivité et la prospérité – Fondation Walter J. Somers (CPP) dépose la quatorzième édition de Productivité et prospérité au Québec – Bilan, dont le principal constat est clair : la politique industrielle du Québec est un échec et nuit à la croissance économique de la province.

« Depuis 25 ans, l’approche en développement économique du Québec est restée la même, explique Robert Gagné, directeur du CPP et coauteur de l’étude. Le gouvernement force le développement de créneaux qu’il juge prometteurs et cherche passivement à préserver des emplois dans des entreprises peu porteuses sur le plan de la productivité, de l’innovation et de l’investissement. Il en résulte un environnement économique peu stimulant qui tend à limiter la croissance économique au lieu de l’accélérer, avec les conséquences qu’on observe aujourd’hui ».

Échec d’un politique industrielle figée dans le temps

Malgré des milliards de dollars de fonds publics dédiés au développement économique investis au cours des 25 dernières années, tous les indicateurs économiques associés à la productivité et à la croissance économique au Québec demeurent au rouge, et le secteur des entreprises reste peu enclin à entreprendre les activités nécessaires pour accroître la productivité de l’économie.

Là où la situation devient particulièrement préoccupante pour les chercheurs du HEC Montréal, c’est qu’en plus d’être inefficace et coûteuse, la politique industrielle aggrave désormais la situation en interférant dans le processus de réallocation des ressources dans l’économie.

« Il ne s’agit plus simplement d’une question de gaspillage de fonds publics. Par les choix qu’elle impose, la politique industrielle interfère dans le processus de réallocation des ressources dans l’économie, essentiellement parce que cette politique répond à des besoins d’une époque depuis longtemps révolue », explique Jonathan Deslauriers, directeur exécutif du CPP et co-auteur de l’étude.

Dans ce contexte, les chercheurs rappellent l’urgence de procéder à une réforme en profondeur de la politique industrielle du Québec : « Le gouvernement doit impérativement procéder à un diagnostic complet et sans complaisance de son approche en matière de développement économique, interventions économiques pour lesquelles il n’existe actuellement aucun recensement valable et encore moins d’évaluations rigoureuses de leur efficacité, explique Robert Gagné. Dans le cas contraire, le seul retard que la province parviendra à rattraper est celui qui la sépare de l’Ontario, une économie en perte de vitesse à l’échelle internationale. »


Pour en savoir davantage : Deslauriers, Jonathan, Robert Gagné et Jonathan Paré, Productivité et prospérité au Québec – Bilan 2023, Centre sur la productivité et la prospérité (CPP) – Fondation Walter J. Somers, HEC Montréal, Mars 2024