On entend fréquemment que le coût de la vie est plus faible au Québec que dans plusieurs autres provinces canadiennes et que, pour cette raison, le pouvoir d’achat des Québécois serait plus élevé qu’ailleurs au Canada

Mais coûte-t-il vraiment moins cher de vivre au Québec ? Il semble que l’affirmation ne résiste pas à une analyse sérieuse.

Le premier problème concerne l’endogénénéité et les écarts de qualité des biens et services qui constituent le panier de consommation utilisé pour mesurer l’inflation (c’est-à-dire l’évolution des prix) entre les provinces. Une comparaison rigoureuse du coût de la vie entre les provinces devrait prendre en compte que les choix des ménages dépendent de leurs revenus réels, ce qui implique des compromis sur la qualité et le prix. Une partie significative du panier de biens et services actuellement consommés par les ménages varie en fonction du revenu. Or, puisque le Québec est plus pauvre que le reste du Canada, le panier de biens et services consommés par les Québécois est différent des paniers consommés ailleurs au Canada, ce qui fausse plusieurs comparaisons.

Deuxièmement, l’affirmation qu’il coûte moins cher de vivre au Québec repose principalement sur les prix inférieurs du logement qu’on y trouve. Les logements québécois et ontariens qui sont comparés n’ont toutefois pas la même qualité. Le coût de la vie étant intimement lié au revenu réel, les ménages déterminent les biens et services qu’ils consomment en fonction de ce dernier : les ménages plus pauvres joueront, entre autres, sur la qualité des logements. Pour cette raison, les Québécois sont moins nombreux que leurs concitoyens des autres provinces à être propriétaires de leur logement, ils ont tendance à occuper des logements moins spacieux, et lorsqu’ils sont propriétaires, la valeur médiane de leur maison est inférieure à celle observée dans les autres provinces.

Troisièmement, la mesure du coût de la vie est significativement faussée par les biens et services subventionnés par le gouvernement québécois. Ces subventions sont financées par le biais des impôts et ont un impact majeur sur les prix, qui n’est toutefois pas reflété par les comparaisons interprovinciales des paniers de consommation.

Finalement, les prix des autres biens et services divergent peu entre le Québec et le reste du Canada. Considérant toutefois la productivité inférieure de l’économie québécoise ¾ qui implique des salaires médians et moyens inférieurs ¾ il s’ensuit que les Québécois doivent travailler plus longtemps que plusieurs autres Canadiens pour acquérir les mêmes biens et services. À cet égard, la situation du Québec semble même s’être détériorée depuis 1988.

En conclusion, il apparaît clairement que le coût de la vie au Québec n’est pas inférieur à celui qui prévaut dans le reste du Canada.

 

Pour en savoir plus : Vincent Geloso, Le coût de la vie au Québec. Coûte-t-il vraiment moins cher de vivre au Québec? Centre sur la productivité et la prospérité, HEC Montréal, avril 2014.