Les consommateurs québécois souffrent d’un service plus limité dans la province qu’ailleurs au Canada lorsqu’ils doivent faire le plein, constate l’étude « The Effects of Price Controls : Evidence from Quebec’s Retail Gasoline Market » de Juan Esteban Carranza, Robert Clark et Jean-François Houde.

Le nombre de grandes stations-service aux technologies plus développées est moins important au Québec que dans les autres provinces en raison du cadre législatif trop rigoureux, observent les chercheurs.

Rappelons qu’en 1997, le Québec a instauré une loi qui interdit à tout détaillant de vendre son essence en-dessous d’un certain seuil. Le gouvernement visait ainsi à protéger les commerçants de petite taille face à la guerre des prix qu’imposait l’arrivée de grands joueurs à la fin des années 1990.

«Les grandes stations-service font cependant face à des coûts fixes très élevés car elles intègrent à leurs processus des nouvelles technologies pour réduire leurs coûts d’opération. Or, pour rentabiliser ces frais, elles doivent augmenter leurs parts de marché en abaissant les prix, ce qu’elles ne peuvent pas faire au Québec », écrivent –ils dans l’étude.

Découragées, elles ont limité leur intégration dans la province au profit du reste du Canada où elles proposent de nouveaux services comme le paiement électronique, les lavages automatiques ou encore des dépanneurs. Le Québec reste, quant à lui, dominé par des détaillants de petite et moyenne taille à la technologie plus limitée.

Ainsi un résident québécois ne pouvait trouver en moyenne que neuf pompes par commerçant entre 1997 et 2001, comparativement à 13 dans le reste du Canada; et seulement 19% des détaillants offraient le service de nettoyage, comparativement à 22% ailleurs.

Les Québécois ne sont cependant pas complètement désavantagés. Ailleurs au Canada, les gros joueurs ont évincé les petits détaillants moins productifs, réduisant de 30% le nombre de stations totales entre 1998 et 2001. Fiers de ces monopoles locaux, ils ont pu imposer des prix d’environ 1,6 cent/ litre (avant taxes) plus élevés qu’au Québec au cours de cette période.

Dans des villes comme Chicoutimi, Drummondville, Sherbrooke ou encore Trois-Rivières, les gains perçus en termes de prix ne suffisent cependant pas à contenter les consommateurs. Ils ressentent un plus grand besoin de faire appel à des stations de meilleure qualité, dévoile le modèle de l’étude.

Dans des villes densément peuplée, comme dans la capitale provinciale, en revanche, les consommateurs  ne semblent pas pénalisés par le contrôle des prix. « C’est parce qu’ils ont tout de même la possibilité de trouver des stations aux services plus diversifiés », observent les chercheurs.

 

Carranza, J.-E., Clark, R., Houde, J.-F., The Effects of Price Controls: Evidence from Quebec’s Retail Gasoline Market, Centre sur la productivité et la prospérité, HEC Montréal, décembre 2011. (Disponible en anglais seulement)