Malgré les milliards de dollars que le gouvernement du Québec a injectés au cours des dix dernières années pour accélérer la transition numérique, les manufacturiers québécois n’ont toujours pas pris le virage 4.0. Ce constat est d’autant plus préoccupant dans un contexte où ces piliers de l’économie souffrent déjà d’un sérieux problème de productivité et sont affectées par la pénurie de main-d’œuvre. « D’où l’importance de cerner rapidement les meilleures pratiques des manufacturières qui se sont déjà engagées dans ce processus de transformation afin de mieux comprendre les avantages et autres impacts qui découlent de ces investissements et d’identifier les défis auxquels elles sont confrontées. Le but ultime de cette démarche étant d’inspirer d’autres dirigeants et de leur fournir quelques clés pour les aider à emboiter le pas », déclare Jacques Roy, professeur titulaire à HEC Montréal et auteur d’une étude publiée aujourd’hui par le Centre sur la productivité et la prospérité – Fondation Walter J. Somers (CPP).

Menée auprès d’une dizaine de manufacturières de toutes tailles, cette étude présente des cas concrets d’entreprises qui ont adopté (ou sont en voie d’adopter) des technologies propres à l’industrie 4.0 comme la robotique, l’automatisation, l’intelligence artificielle, la fabrication 3D, les données massives et la connectivité des objets.

Ces manufacturières, qui opèrent dans des secteurs très variés allant de la haute technologie destinée à l’aérospatiale à des secteurs plus traditionnels comme ceux de l’alimentation et du vêtement rencontrent, en règle générale, beaucoup de succès. Elles ont toutes une vision stratégique qui repose sur l’innovation, une vision largement adoptée et soutenue par l’équipe de direction. Si les ressources financières sont parfois un frein à la réalisation de projets, ce n’est pas le principal obstacle observé. En effet, une bonne gestion et priorisation des projets est considérée comme un des principaux facteurs de succès.

Six conseils pour réussir son virage 4.0

  1. Comme dans tout projet de transformation, l’équipe de direction doit développer la vision, exercer son leadership pour initier le changement et réaliser le virage 4.0.
  2. L’élaboration d’un plan stratégique numérique est primordial pour guider la réalisation des projets d’implantation de nouvelles technologies et établir les priorités.
  3. Il n’est pas toujours nécessaire, ni même souhaitable, de réaliser des analyses de rentabilité (ROI) très poussées. À terme, les bénéfices dépasseront largement les montants investis. C’est une question de compétitivité et même de survie.
  4. Tout doit être connecté et intégré : les machines, les employés, les matières premières, les produits finis et ce, tout au long de la chaîne logistique, qu’elle soit locale ou mondiale.
  5. Il faut apprendre à gérer et à analyser toutes ces données en temps réel afin d’optimiser la performance opérationnelle de l’entreprise.
  6. Avant d’automatiser ou de robotiser un procédé manufacturier, il faut impérativement s’assurer qu’il soit sous contrôle et même optimisé. Il en va de même pour les tâches administratives.

« Comme l’objectif global est d’améliorer la productivité des entreprises et, conséquemment, la compétitivité de notre secteur industriel, les gouvernements auront donc tout intérêt à accompagner les manufacturières dans leur quête de l’industrie 4.0. En effet, les investissements requis sont importants et les retombées peuvent prendre plusieurs années avant de se traduire en bénéfices concrets. Ce constat est d’autant plus d’actualité au moment où il faut relancer l’économie en cette période de COVID-19 », conclut Jacques Roy.


Pour en savoir davantage : Roy, Jacques, L’industrie 4.0 : un virage nécessaire pour améliorer la compétitivité des entreprises canadiennes, Centre sur la productivité et la prospérité (CPP) – Fondation Walter J. Somers, HEC Montréal, Novembre 2020