Cette étude s’intéresse aux écarts de revenus et de pouvoirs d’achat entre les citoyens du Québec et ceux des autres provinces canadiennes. En se basant sur les données provenant de l’Enquête sur la dynamique du travail et du revenu de Statistique Canada ainsi que sur des statistiques complémentaires, elle fait le point sur la situation en 2009 et dégage les tendances observées depuis 1976. Les constats sont préoccupants pour le Québec. Son retard vis-à-vis des provinces les plus riches est en train de s’accroître tandis que son avance vis-à-vis des provinces les plus pauvres est en train de diminuer. Les Québécois ne se rattrapent partiellement qu’en raison d’un coût de la vie relativement plus faible, mais cet avantage est en train de disparaître. Les Québécois sont proportionnellement moins nombreux à travailler et travaillent en moyenne moins d’heures que la majorité des autres Canadiens. Cela n’explique cependant qu’une partie du problème. Vis-à-vis des provinces les plus riches, les Québécois touchent également moins de revenus par heure travaillée, ce qui suggère un retard en matière de productivité moyenne du travail.

La pauvreté relative des ménages québécois leur vaut un transfert fédéral personnel net venant en partie corriger leur déficit de revenus vis-à-vis des provinces les plus riches. Ce déficit demeure tout de même considérable. Par rapport à ces provinces les plus riches, mais à l’exception de l’Alberta, le Québec réussit néanmoins à faire un peu mieux au niveau du segment des 20 % les plus pauvres de ses citoyens. Pour tous les autres groupes cependant, c’est-à-dire pour les 80 % restants de sa population, le Québec se fait distancer par la Colombie-Britannique, l’Alberta, le reste des Prairies et l’Ontario. Son retard vis-à-vis de ces provinces est par ailleurs d’autant plus élevé que l’on progresse dans l’échelle des revenus. Cet état des choses n’a pas que des conséquences familiales et personnelles. Il a aussi des conséquences collectives. Au niveau élevé de dépenses par habitant qui est le sien, le gouvernement du Québec manque de revenus taxables au milieu et en haut de la distribution des revenus. Cela n’est sans doute pas sans conséquence sur le niveau de ses impôts, sur sa dépendance aux transferts fédéraux et sur son niveau d’endettement.

 

Coiteux, M., Le point sur les écarts de revenu entre les Québécois et les Canadiens des autres provinces, Centre sur la productivité et la prospérité, HEC Montréal, février 2012.