Dans leur recherche « Fiscal Policy, Productivity and External Adjustment : a Comparative Study », les auteurs Hafedh Bouakez, Foued Chili et Michel Normandin évaluent les effets d’une réduction inattendue des taxes et d’une augmentation des dépenses publiques sur la production, la productivité du travail, le compte courant et le taux de change de quatre pays industrialisés, soit le Canada, les États-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni.

Aucune étude ne s’était encore penchée sur l’impact de la politique fiscale sur la productivité, préférant analyser son effet sur des indicateurs du commerce extérieur notamment aux États-Unis.

En plus de considérer un large éventail de pays, les auteurs grâce à un modèle SVAR qui tient compte de l’hétéroscédasticité des chocs structurels, ont assouplie les hypothèses habituellement utilisées dans la littérature. Cela leur a permis d’obtenir des résultats sensiblement différents.

Si les effets d’un changement inattendu de la politique fiscale ne sont pas les mêmes d’un pays à l’autre, il est possible d’observer des similarités entre l’Australie et le Royaume-Uni d’un côté et le Canada et les États-Unis de l’autre.

Ainsi, une réduction inattendue des taxes augmente le PIB du Canada et des États-Unis, en partie grâce à une hausse de la productivité des travailleurs et du taux d’emploi. Cela n’a pas d’effet sur l’Australie ou le Royaume-Uni.

Une augmentation des dépenses du gouvernement, en revanche, n’a pas d’effet significatif sur le PIB  par habitant au Canada mais accroît celui –ci dans les trois autres économies. Pour l’Australie et le Royaume-Uni, cette croissance se reflète dans la hausse de la productivité du travail et du taux d’emploi. Pour les États-Unis, elle ne se manifeste que par le taux d’emploi.

L’étude révèle également que de manière générale, le déficit budgétaire et le compte courant ne réagissent pas de façon similaire à un changement de la politique fiscale, ce qui contredit la théorie des déficits jumeaux.

Enfin, les résultats indiquent qu’une augmentation inattendue des dépenses publiques déprécie le taux de change dans tous les pays excepté le Canada. Cette étonnante dépréciation selon les modèles standards d’économie ouverte a également été documentée par d’autres études, mais celles-ci sous-estiment constamment l’ampleur de la réaction du taux de change et ne donnent par conséquent pas à cette énigme tout son importance.

 

Bouakez, H., Chihi, F., Normandin, M., Fiscal policy, productivity and external adjustment : a comparative study, Centre sur la productivité et la prospérité, HEC Montréal, décembre 2011. (Disponible en anglais seulement)