Nous illustrons dans ce rapport le lien étroit entre le fonctionnement du marché du travail et la performance d’une économie en matière de productivité. Ce lien est mis en évidence par le fait qu’on peut montrer que tout changement dans la productivité (mesurée, par exemple, par le niveau de la valeur ajoutée par travailleur) peut être décomposé en trois termes : (1) un premier terme représente l’augmentation de la productivité qui résulte de l’innovation en matière de processus d’affaires ou de l’utilisation accrue de capital physique à l’intérieur des entreprises (effet intrafirme), (2) un deuxième terme résulte de l’accroissement de la taille de la main-d’œuvre des entreprises plus productives au détriment des entreprises moins productives (effet interfirmes), et (3) un troisième terme découle de la destruction d’entreprises moins productives et leur remplacement par des entreprises plus productives (effet net d’entrée). La réallocation de la main-d’œuvre fait référence à la somme des effets interfirmes et net d’entrée qui, tous deux, impliquent des mouvements de main-d’œuvre. Nos résultats montrent d’importantes différences entre les provinces quant à la dynamique de la productivité. Alors qu’un peu plus de 50 % de l’évolution de la productivité au Canada et en Ontario est attribuable à la réallocation de la main-d’œuvre, cette contribution diminue à près de 10 % pour le Québec. Nous interprétons cette différence comme étant un signal que le marché du travail québécois ne remplit pas son rôle et proposons, à titre spéculatif, quelques hypothèses pouvant expliquer ce résultat.