À court terme, les chocs technologiques ne contribueraient pas à la croissance de l’économie. Au contraire, ils lui nuisent, constate l’étude Quel est l’impact d’un choc technologique sur les fluctuations économiques?

La plupart des études sur le sujet ont utilisé la productivité multifactorielle comme mesure des chocs technologiques, soit le changement dans la quantité produite ne pouvant être expliqué par un changement dans la quantité d’intrants tels que la main d’œuvre ou le capital physique. Mais les chercheurs Nicolas Vincent, Nathan Bedock et Pierre-Olivier Lachance, ont décidé de se tourner vers les demandes de brevet déposées au Canada de 1978 à 2007 pour mesurer ces chocs.

Si la majeure partie de la littérature observe un impact positif des chocs technologiques sur l’économie, les résultats du Centre sur la productivité et la prospérité sont sensiblement différents.

Ils démontrent qu’un choc technologique non anticipé amène les entreprises à investir pour mettre en place la nouvelle technologie et profiter de rendements futurs plus élevés. La hausse de la demande de crédit, liée au besoin de liquidités pour les investissements, provoque ensuite une hausse des taux d’intérêt qui fait chuter la consommation, l’investissement résidentiel et par là, le PIB. Autrement dit, un choc technologique entraîne un effet d’éviction sur l’investissement résidentiel à court terme, ce qui a un impact négatif sur l’économie.

Les deux théories sont cependant conciliables. La productivité multifactorielle représente les chocs technologiques au moment où ces technologies sont déjà bien implantées dans l’économie. À l’inverse, les brevets nécessitent des investissements supplémentaires avant d’être commercialisés, ce qui nuit à la consommation.

En résumé, une nouvelle technologie peut avoir un impact négatif sur le PIB à court terme au moment de son implantation, et ce même si les effets à long terme devaient être positifs et permettaient d’accroître le niveau de vie.

Bedock, N., Lachance, P.-O., Vincent, N., Quel est l’impact d’un choc technologique sur les fluctuations économiques?, Centre sur la productivité et la prospérité, HEC Montréal, décembre 2011.