À l’image d’un bon nombre de pays occidentaux, le secteur manufacturier est en déclin au Québec. Depuis le début des années 2000, près d’un emploi manufacturier sur cinq a disparu et la production manufacturière a considérablement diminué.

Bien que le Québec ne soit pas la seule économie où l’on observe une chute du poids économique du secteur manufacturier, la province fait néanmoins figure d’exception. En somme, la présente étude révèle que le repli de l’activité manufacturière s’est manifesté beaucoup plus tôt au Québec qu’en Ontario ou qu’ailleurs parmi les six plus grands producteurs manufacturiers.

Cette particularité du Québec cache un effet de structure. L’analyse révèle ainsi que la structure du secteur manufacturier est dominée par les industries de faible technologie : textile, vêtement, papier, meubles, produits dérivés du bois. Traditionnellement considérés comme des secteurs mous, la prédominance de ce type d’industries a précipité le repli de l’activité manufacturière au Québec, en partie à cause de leur plus grande exposition à la concurrence internationale, mais également en raison de leur plus grande vulnérabilité aux chocs de taux de change. La surreprésentation de ce type d’industries expliquerait par ailleurs l’absence de reprise de l’activité manufacturière au Québec.

Sachant que le secteur manufacturier bénéficie d’un support important de la part du gouvernement du Québec et devant l’absence d’une reprise tangible de l’activité manufacturière, il devient nécessaire de se questionner sur l’efficacité de l’aide publique consentie aux entreprises manufacturières. À cet égard, notre analyse conclut que le système d’aide aux entreprises du secteur manufacturier est complexe et rate très souvent ses cibles.

Pour s’assurer de son efficacité, l’aide gouvernementale devrait respecter quatre principes. Premièrement, préférer l’aide directe à l’aide fiscale pour assurer un meilleur contrôle sur les résultats et atteindre les cibles souhaitées. Deuxièmement, s’assurer que les cibles visées par l’aide gouvernementale et les besoins du secteur manufacturier coïncident plutôt que chercher à aider un maximum d’entreprises en saupoudrant l’aide à l’ensemble du secteur. Troisièmement, revoir l’aide aux régions de manière à prioriser la productivité des entreprises et non l’emploi. Finalement, orienter l’aide en fonction des besoins structurels du secteur manufacturier de manière à tirer bénéfice des projets les plus performants des secteurs technologiques ciblés.

 

Deslauriers, Jonathan, Robert Gagné et Jonathan Paré, Mieux outiller le secteur manufacturier : entre politique et adéquation des besoins, Centre sur la productivité et la prospérité, HEC Montréal, mai 2014.